Rencontre avec « l’ange noire »

Article : Rencontre avec « l’ange noire »
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11 février 2021

Rencontre avec « l’ange noire »

Aujourd’hui, je vais vous parler d’une artiste que j’ai découverte sur Facebook il y a quelques temps. J’ai tout de suite été attirée par son style musicale. À l’occasion de la sortie de sa première mixtape, et aussi dans le cadre du « Black history month », j’ai eu envie de vous la présenter. Je vous laisse découvrir l’univers de cette RDCongolaise basée à Genève, grâce à ses réponses aux questions que je lui ai posées.

• Pouvez-vous vous présenter ?

Mon nom d’artiste est Priscitouf The First, The Last Zaïrian, The O.X.Y.G.E.N.

Tout a commencé avec Priscitouf . C’est le surnom que j’avais en primaire, parce que j’avais une coupe afro et que je m’appelle Priscilla.

Plus tard, j’ai diminué le mot « touffe » pour faire « touf », qui signifie buisson ou arbuste en créole haïtien, et même baptême, en vieux allemand. Le « the first » est venu bien plus tard, en 2017, après une année sabbatique à Londres. Ce voyage a donc vu naître « Priscitouf the first ». C’est réellement là-bas que j’ai pu me découvrir en tant que rappeuse, beatmaker, slameuse, etc.

Avant, la petite Priscitouf ne faisait que dessiner, danser seule dans sa chambre et écouter beaucoup beaucoup de dubstep (des riddim electro du matin au soir, comme une berceuse).

The Last Zaïrian viendra bien plus tard. C’est après mon récent voyage à Kinshasa, en 2019, et mon feat avec Rafal Barbelé, un rappeur local, que j’ai encore rallongé mon blaze. C’était une expérience nouvelle qui a marqué ma vie d’artiste.

La dernière zaïroise peut se lire sous différents angles. Je ne souhaite pas tout vous spoiler… Puis, le dernier, The O.X.Y.G.E.N, car après mon titre « Souffle aux suivants », j’ai franchis une grande étape, celle de m’exprimer en français. Jusque là, je me cachais derrière l’anglais et le lingala. Cette expérience m’aura beaucoup changé. Certains m’appellent aussi « The black Angel » (l’ange noir), car j’ai rappé et chanté avec ma harpe zaïroise sur le plateau de Zig Zag radio, en 2019, à Kinshasa. La harpe étant l’instrument des anges, ce nom était donc logique. De plus, j’ai toujours eu ce côté protecteur avec mes proches.

Comment avez-vous atteri dans la musique ?

C’est plutôt la musique qui est venu à moi. Comme un appel ultime. Je n’ai jamais rappé ou slammé dans mon adolescence, comme la plus part des rappeurs. La musique, je l’ai d’abord dansé dès mon plus jeune âge.

À mes 2 ans, ma mère disait que je dansais en balbutiant quelque paroles, peut être un début de slam (rires).

Sinon, j’étais une fille très silencieuse et timide à l’époque. Donc ma seule façon de m’exprimer était par le dessin, la danse et parfois l’écriture.

C’est mon voyage d’un an à Londres qui a brisé cette coquille et m’a délivré de ma timidité à tout jamais. C’est là que j’ai eu la confiance nécessaire pour me lancer sérieusement dans la musique. Je sentais que c’était à moi de m’exprimer. Je me suis tue pendant bien trop longtemps et j’en avais « gros sur la patate », comme on dit.

• Quelles sont vos sources d’inspiration ?

Dieu, le seul et l’unique, notre Créateur, le premier artiste. Cette puissance, cette énergie, ce goût du détail, ce côté essentiel, l’élévation, cette symphonie de la vie et de la mort orchestrée avec des doigts de fée. Dieu est réellement ma source d’inspiration.

Le Krump, la danse que je pratique, n’est rien d’autre qu’une louange à Dieu par nos gestes. Pour lui parler, il faut être précis et énergique. Mon flow dans mon rap et slam incarnent le vent. D’où mon blaze « OXYGEN ». Si on creuse plus loin dans mon personnage, on peut voir que Munroe ou Storm, dans la saga X-Men, prend une place évidente dans mon rap. Le style de musique que j’écoute le plus, c’est la dubstep et le rap britannique.

C’est bien plus tard que j’ai commencé à m’intéresser au rap français mais pour l’instant, j’observe Damso. J’ai l’impression de faire partie de cette même vague, que je nomme Afro Lo-fi. Damian Marley aura aussi impacté ma musique par ses textes et son rythme. J’ai accroché depuis mon adolescence. Particulièrement au feat entre Damian Marley et Skrillex. Voir du reggae et de la dubstep ensemble aura surement été chez moi le déclencheur d’une envie de mélanger des sonorités Afro et électronique.

Pouvez-vous nous expliquer le concept « Afro Lo-fi » ?

Afro Lo-fi, car je cherchais un terme qui définisse au mieux ma musique ce côté britannique et zaïrois que je souhaitais mettre ensemble. Il s’agit de la source de ma musique, mon expérience à Londres et mes racines.

Pour moi, ce sont des chants mélancoliques propre à moi-même. Ou simplement une rythmique afro légère, avec un beats plus électronique, celui des Britanniques. Le Lo-fi je voulais aussi le désigner comme étant de basse qualité (Lo-Fi). Je ne me voyais pas faire de la vrai rumba, je voulais faire quelque chose qui me ressemblait.

Êtes-vous une artiste qui prône les retours aux sources ?

Totalement. Pour s’élever, on ne peut que prendre appui sur ses racines, tel un arbuste qui souhaite grandir. Il a besoin de racines fortes, bien encrées au sol, pour puiser au mieux les nutriments dont il a besoin pour s’élever au plus haut.

Quel regard portez-vous sur l’évolution de la musique congolaise ?

Une musique hybride entre lingala et anglais. Comme par exemple, ce qu’on observe avec la rumbadrill ou mon titre « Zela zela ».

Comment définissez-vous votre style musical ?

Révolutionnaire, visionnaire, légendaire.

• À qui s’adresse votre musique ?

Plutôt à la jeunesse congolaise et à toute personne désireuse d’entendre autre chose, c’est-à-dire un rap conscient avec un flow unique.

Quelle est ou quelle a été la plus grande difficulté de votre carrière ?

J’avoue que faire une musique hors norme n’est pas toujours facile. Il faut simplement y croire jusqu’au bout. Il y a toujours une lumière au bout du tunnel et je commence même à apercevoir la sortie. J’ai eu des bons retours et je commence petit à petit a me construire une fan base.

Sur quel projet travaillez-vous actuellement ?

Ma première mixtape « K.O or Knoch chaos vol.1 », qui parlera essentiellement des difficultés de la vie et comment faire pour s’en sortir.

Un mot pour finir ?

Yahweh est au contrôle.

Découvrez le travail de l’ange noire.

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Commentaires

Richard Mukundji
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Un article qui permet de connaitre l'artiste et son ambition. Des réponses claires aux questions posées.